Une programmation Francofonik


Qui sommes-nous ?

La voix est mouvement

« Et quel admirable instrument que la voix,
qui des trois tons, l'aigu, le grave et le
moyen, forme dans le chant cette riche
variété, cette élégante harmonie ! »
Cicéron (orator X trad. Le Clerc, Hachette éd.)

La voix, mouvement de soi et de l'autre

La voix, comme dirait Roland Dubillard, prend naissance au carrefour de l'angoisse et de l'angine : elle est étouffée et sort à gorge déployée, elle touche, elle a des couleurs, on l'entend, on l'a bien en bouche, on l'émet ou on la reçoit... Elle est avant tout mouvement. Mouvement de soi, bien sûr, mais aussi elle inclut l'autre dans son mouvement.

Aliose

La voix, mouvement de soi

Où prend-elle naissance, cette voix qu'on émet avant qu'elle ne sorte de notre bouche, et qui, dès qu'elle l'a franchie, ne nous appartient plus ?

Physiologiquement, elle est le résultat de la synchronisation d'un geste respiratoire libre et adapté, qui est son moteur, de la vibration des cordes vocales et de l'épanouissement du son ainsi produit dans les résonnateurs, qui lui permettent de sortir sous forme de langage.

Geste respiratoire : il doit être libre, car il ne peut être stéréotypé, et doit permettre l'expression de l'émotion : une respiration courte, haletante, ne donnera pas les mêmes caractéristiques qu'une respiration basse, ample.

La vibration des cordes (en fait ce ne sont pas des cordes, mais des replis, c'est pourquoi on les appelle aussi « plis vocaux ») : elles sont au nombre de deux, dans un plan horizontal, juste à l'entrée de la trachée-artère, à l'intérieur d'un cartilage plus proéminent chez l'homme que chez la femme, et qui est la pomme d'adam. Leur premier rôle est un rôle de sphincter : elles sont là pour fermer l'entrée de la trachée au moment où on avale , afin d'éviter les fausses routes. Sous l'effet du courant d'air sortant, les cordes vocales se mettent en vibration, un peu comme lorsqu'on dégonfle une baudruche en tirant sur l'embout : l'air sortant va provoquer la vibration des parois qu'on a rapprochées. La voix doit donc flotter au-dessus de la colonne d'air et non s'y appuyer ou ... s'arrêter là.

Le son émis est acheminé vers les résonnateurs (pharynx, bouche, fosses nasales) où il s'enrichit et peut sortir en tant qu'outil de communication.

Prend-elle naissance, cette voix, dans ces gestes mécaniquement plus ou moins organisés ? Ce serait la réduire à un modèle robotisé. Or la voix véhicule et transmet toutes les émotions et est donc loin d'être déterminée. C'est un élément important de la personnalité. Chacun a sa voix, et en dehors des voix « déshumanisées » des hotesses d'aéroport, elle est un facteur important de reconnaissance entre individus.

Elle prend donc naissance au sein même des émotions et du vécu de chacun et si elle ainsi mouvement de soi, elle est aussi mouvement des autres et pour les autres, car elle est faîte pour être entendue (comme disait un de mes professeurs - le docteur Le Huche - quand on lui demandait « où doit-on placer la voix ? », il répondait « dans l'oreille de celui qui doit la recevoir »).

La voix, mouvement des autres

La voix est donc mouvement, et, comme tout mouvement, elle a une intention : si j'émets de la voix, c'est pour être entendue, que l'autre réagisse, qu'il participe à mon émotion, m'écoute... ou m'envoie promener, qu'il soit un ou multiple, si je ne parle pas toute seule, j'inclus l'autre dans une action qui commence par mon propre souhait d'être entendue. Tout ceci va mobiliser mon attention, ma disponibilité.

Par ma présence, l'autre sait sans équivoque que je m'adresse à lui : si un comédien n'a aucune présence sur scène, c'est qu'il manque d'appuis, son attitude général n'est pas crédible (« ça ne tient pas debout, ce quevous dîtes là ! ») et l'orientation générale de son corps ne stimule pas l'attention de l'autre.

Cet échange d'attention (je sollicite l'attention de l'autre et ma propre attention est en éveil par rapport à ses réactions)soutient toute la part de l'imaginaire du discours : la conscience de l'esprit de l'autre nourrit la communication et lui donne son aspect spontané : que de « non-dits » sont intuitivement perçus par une hésitation dans le discours, un soulèvement de sourcil,un moment d'absence dans le regard ou des « impatiences » dans les doigts ! La voix mouvement est échange.

Et puis la voix, c'est aussi le chant : jeu et joie !
Du chanteur de salle de bain qui se met de bonne humeur en chantant sous sa douche, au chanteur d'opéra qui certes fournit un travail énorme pour développer sa voix et l'entretenir mais qui doit laisser entendre tout le bonheur qu'il a à chanter afin qu'il ait encore la liberté de nous faire partager son émotion.

En résumé, ce mouvement de soi vers l'autre qu'est la voix est un formidable outil de communication, véhicule des émotions, dont la richesse laisse la curiosité toujours en éveil afin d'en appréhender toutes les subtilités et la profondeur.


Article repris en août 2015 - (Auteur : Catherine Bancel / janvier 2001)

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