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Qui sommes-nous ?

L'éternel chant du slam

Dans les années 80, Marc Smith active de nouveaux espaces d'expression poétique en organisant des rencontres de Slam et des joutes verbales. Pour cette pratique c'est la liberté du poète qui importe et les mots qui l'emportent même quand la musique s'en mêle.

LA CLAQUE

Le mot Slam - qui veut dire « claquer » like : to slam a door ! - est mis à l'honneur par Marc Smith, dans les années 80. Ce californien, ouvrier et poète, souhaitait en quelque sorte démocratiser la poésie. À coup de tournois, de joutes verbales et de Slam's sessions, sa vision d'une poésie populaire, libre et rebelle fait le tour des États-Unis, traverse les océans, mutant au passage. Initialement, la pratique du slam est encadrée par des règles strictes  : limitation du temps de paroles, instruments de musique et déguisements interdits ; des mots rien que des mots.
La liberté d'exprimer ses états d'âme, ses revendications, dans des bars, sur des scènes, l'émulation autour de tribunes ont assuré le succès du Slam. À tel point que la musique s'est immiscée.

Thomas Pitiot

 Musique ou pas musique ?

Il y a le slam des puristes ; celui-ci se passe très bien de musique. Quand K'trin-D lit Cabot, c'est vraiment beau. Quand des tchacheurs se rencontrent, se confrontent, ça vire parfois au grandiose. Le slam, c'est l'art de l'oralité. Il ne se chante pas, il se déclame, se récite. Pour certains c'est un flow, un flot, une scansion, pour d'autres c'est un genre de rap a capella. D'ailleurs, même si depuis l'accompagnement musical s'est insinué, quand le rappeur poète Abd Al Malik raconte Gibraltar, ce qu'il en pense s'entend bien.
Le slameur s'exprime librement pour peu qu'il trouve une tribune et le cran de livrer ses pensées au public. Le Slam est libre, il appartient à tout le monde et à personne. Chacun embrasse cette discipline avec son background et sa façon de voir les choses. C'est là tout son intérêt et l'essence même de son succès. En France, quelques célébrités de la première heure telles Nada, Pilote le Hot, Rouda, Neobled, Lyord du collectif 129H et plein d'autres encore, ont bien préparé le terrain.
Ils ont activé les premières scènes de slam, dans les années 90, à Paris, dans les banlieues et en province puis ont ouvert des ateliers d'écriture. Eux slament avec ou sans musique, pourvu que les mots restent maîtres du jeu. Finalement, c'est Grand Corps Malade qui sort le Slam de sa confidentialité en 2007, avec son premier album « midi 20 ».

Question d'atmosphère

Avant cette médiatisation, le Slam s'inscrivait plutôt dans une ambiance intimiste, celle des petits clubs, des micro-scènes de bar.
Mais, si on remonte plus loin encore, l'esprit du slam existait avant même d'être nommé par Marc Smith. À bien des égards, c'est un truc vieux comme le monde, qui remonte aux griots, aux bardes et aux harpes - Le slameur Souleymane Diamanka avec  L'hiver Peul  s'inscrit directement dans cette lignée, dans sa lignée. La joute oratoire autant que la poésie ont toujours existé, à la cour des rois aussi bien que dans le peuple. Il est juste des temps et des atmosphères plus favorables aux poètes. Bernard Dimey, bien avant 1984, déclamait dans les bars de la butte Montmartre. C'est quand même lui qui a dit : « Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire, on peut toujours aller gueuler dans un bistrot ». Ce poète ne doit pas être inconnu de certains slameurs. Il a produit cinq ou six disques sous son nom, dans les années 50 à 70. Il récite ses poèmes sur un fond musical. Dans le style, Le bestiaire de Paris est typique.

Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire, on peut toujours aller gueuler dans un bistrot 

La beat-generation, férue d'impro et de happening, ne s'est pas privée non plus de déclamer des vers, de slammer sans le savoir. Dans cet esprit, Kerouac a collaboré avec les jazz men Zoot Sims et AlCohn, en 58. Jim Morrison adorait discourir. Pris par la fièvre de parler durant ses concerts, il a beaucoup improvisé. Il poétisait les évènements, maintenant le même ton quand il s'adressait aux flics dans la salle. Dans ces mêmes années, Vinicius de Moraes, maître de bossa nova, grand poète, improvisait de longues introductions à ses morceaux. Si l'on y pense, les muses de la poésie et de la musique ne se trouvent jamais très éloignées l'une de l'autre.

Quelques liens intéressants

Pour les curieux, « Blah » anthologie du Slam français 1997/2007 qui vient de paraître aux éditions Florent Massot. Ce livre qui présente une trentaine d'auteurs et activistes de la scène Slam, est accompagné d'un CD d'une dizaine de titres.


Article repris en août 2015 - (Auteur : Joséphine Lecouedic / Octobre 2007)

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