Le chaos de la musique
Réduite à l'état de denrée, exploitée sur les marchés d'affaires, la musique se vide de sa substance, de ses sons. Où se cachent ceux qui chantent encore selon les voies de leur coeur ?
La musique est-elle une marchandise ?
La musique est actuellement pesée, calibrée, mesurée et emballée comme une marchandise. Le packaging vante les attraits plastiques ou pseudo-érotiques de poupées et de pantins athlétiques. Le marketing impose le modèle du luxe et vend le dandysme jet-setteur comme une décadence salutaire.
Le foisonnement des artistes et des œuvres concourent à une pagaille insidieusement nommée «diversité culturelle». Pourtant, presque tout est soupe, brouillon, brouillé, miniaturisé sans fin ou ramené à des affichages impudiques. Il n'est plus question que d'alliances, de formats, de droits bafoués, de pertes de vitesses; de quantitatif, en somme.
Même la critique semble avoir désertée notre monde littéraire - Il est vrai que l'esprit s'y meure, supplanté par les Prix. Qui parle aujourd'hui de sons, de silences, d'atmosphères, de qualité…? * L'overdose d'information dénature le goût comme le fast-food torpillait la restauration. Entend-on encore d'humbles musiciens ou de timides auteurs s'exprimer?
L'original trépasse, les copies palissent…
L'arrangement est devenu, autant qu'une technique maîtrisée, une nouvelle définition de la formation musicale. Et la scène sera bientôt le théâtre pitoyable d'un professionnalisme intéressé et prévisible. L'enregistrement sonore, avec ses sillons, aura finalement creusé sa propre tombe. La copie remplace l'originalet les tubes s'enchaînent en créant des fringales ; A force de nous regarder dans la glace, nous faisons nous-mêmes figure de pâles copies. Nous sommes immergés dans le bruit.
Nous vivons dans le chaos de la musique.
Heureusement, la théorie mathématique prédit que le chaos passe parfois par des phases d'ordre extraordinaires, imprévisibles: le bruit blanc devient alors une sinusoïde miraculeuse, l'espoir s'illumine et un nouvel ordre s'impose aux hommes avec évidence... Sommes-nous seulement sur la bonne piste?
…Et les artistes se cachent
En attendant une réponse, la musique, comme le monde gagnerait à devenir «bio». Car les grands artistes musiciens de ce temps, ceux qui pourraient nous guider, ne sont certainement pas sous les feux des projecteurs médiatiques ni ceux des écrans à pixels. Ils se tapissent au fond des villages de notre terre; ils chantent la fin d'une époque et la naissance d'un nouveau monde, celui de leur cœur qui pleure, de leurs mains qui jouent. Ils ne distribuent pas d'abonnements gratuits, mais des notes de musique et des voix fraternelles. Une sensibilité impossible à «captationner».
Plutôt que de brandir de fallacieux messages d'égalité «que chacun puisse s'exprimer, c'est un droit!», j'ai envie de crier, comme sur des enfants qui s'agitent: «Que chacun se taise une minute!». Que je puisse écouter dans le calme cette mélodie qui m'enchante et me berce, cette voix qui me murmure à l'oreille son secret,que seul l'instant est magique.
* Fip, peut-être…
Article repris en août 2015 - (Auteur : Dominique Prévost / Septembre 2007)
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