Histoire de disques noirs
A l'heure de la dématérialisation de la musique, de l'agonie du CD, son ancêtre le vinyle connait une petite résurrection et apparaît - mais pour combien de temps encore ? - sur les platines des DJ et sur les étagères des collectionneurs à grandes oreilles.
Le vinyle : un must
Certains vantent ses sons chauds à nuls autres supports comparables, d'autres assurent même que le disque vinyle présente une qualité sonore dix fois supérieure à celle d'un CD. Ce dernier est en effet programmé pour un système d'écoute bien défini, celui de la musique numérisée obtenue à partir de sons audio convertis en bits puis convertis à nouveau en sons audio. Au passage, les convertisseurs écrêtent tout ce qui est en deçà ou au-delà d'une certaine fréquence et des harmoniques disparaissent plus ou moins. Ne parlons pas des MP3, pour lesquels le son est en plus compressé. Quelques-uns prétendent que la différence est inaudible. Mais, à force de ne pas faire de distinction, la création musicale devient à certains égards d'une banalité navrante. Cependant, la belle dynamique du son audio n'est pas perdue pour toutes les oreilles, car il existe des collectionneurs, des DJ, des mixeurs et des amateurs de tout acabit qui cherchent toujours le vinyle.
Le CD se meurt, vive le vinyle
Il y a les collectionneurs qui apprécient tout simplement l'objet, prisant les belles éditions, généralement des premiers pressages ; puis il y a ceux qui cherchent tout ce qui n'a pas été reproduit en CD. De fait, sur des centaines de millions de vinyles, seule une infime partie a été rééditée. Sans compter les grands ménages au cours desquels on s'est débarrassé de ces « vieux disques encombrants » y compris des masters. Mais voilà, la mémoire refuse d'abdiquer et le marché de la réédition a connu une petite embellie. On s'y procure des compilations d'illustration sonore et de musiques de films. Les amoureux de Rare Groove y trouvent du funk et du typique en passant par la Pop des seventies. Même chose pour le Reggae - quoique minuscule, la Jamaïque a produit plus d'un million de disques entre les années 75 à 85 - il se réédite pas mal via des 45 tours de deux titres.
Vinyl, roi du Dance Floor
Plus que les collectionneurs, ce sont les DJ qui ont contribué à cette résurrection. À la fin des années 80, le boom du Dance Floor et des partys a eu pour effet de relancer l'édition du vinyle. Tout au long de la décennie 90, des labels se sont créés, pour des productions parfois « artisanales », distribuées par les producteurs eux-mêmes. Cette mode a également relancé des boutiques de disques. Mais, ne crions pas au miracle ; à l'instar des autres marchés, « ils furent beaucoup d'appelés et peu d'élus ». En dehors des nouvelles éditions, des vinyles plus anciens atterrissent aussi sur les tables de mixage. On y puise de la rythmique, des percussions et les fameux samples qui parcourent la musique électronique. L'échantillonnage d'une phrase peut devenir l'axe de tout un morceau. Il existe d'ailleurs des chasseurs de samples aguerris et certains producteurs de hip-hop payent une fortune les bons échantillons. On se souvient alors de « Arrêtes, arrête ne me touche pas » de Patricia Carli, chanson des années 60 samplée par Wyclef Jean, ou encore de ce tube planétaire GO composé par Moby à partir d'un sample des Twin Peaks. Voilà, pour l'histoire. Dans la réalité, la puissance de diffusion de la musique numérique nous laisse penser que dans un avenir plus ou moins lointain, le vinyle tombera finalement dans le domaine des collectionneurs.
Article repris en août 2015 - (Auteur : Joséphine Lecouedic / Octobre 2007)
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