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Qui sommes-nous ?

L'étude de la guitare classique

« Laisse ton corps guider tes pas
Laisse ton cœur guider ta voix
Laisse ton oreille guider tes doigts »

Le corps

Pour qu'il y ait jeu, il est indispensable qu'il y ait du plaisir, « du cœur à l'ouvrage » et, pour qu'il y ait du plaisir, il faut éviter la souffrance du corps, ce qui n'est pas évident au premier chef pour le guitariste débutant. La guitare fait souffrir les doigts, les muscles, le dos, les épaules et le cou. Pour le bout des doigts, on n'y peut rien et ça passe avec le temps. Pour les muscles, il faut doser l'effort fourni. Un doigt de main gauche bien posé, au bon endroit, (près de la barrette) réduit l'effort fourni par les muscles du bras gauche. Pour la main droite, un « pont » bien accentué et un avant bras décontracté facilite la pleine attaque. S'il y a souffrance des épaules, c'est qu'il y a contraction, crispation comme si le corps cherchait à tout prix à retenir la guitare qui s'échapperait. En réalité, la crispation ne fait qu'empirer la sensation de fuite de l'instrument, en effet, en se crispant, l'avant-bras droit qui devrait reposer de tout son poids, car décontracté, sur l'angle de l'éclisse, cet avant-bras devient alors tout léger et fait fuir l'instrument au lieu de le retenir naturellement par son poids. Le dos, lui, devrait s'incliner légèrement vers l' avant tout en essayant de rester droit et non voûté. Enfin, pour le cou, il suffirait de connaître tellement bien sa pièce que regarder son manche deviendrait inutile… En résumé, il faudrait comme « enlacer » la guitare, amoureusement, qu'elle se love entre nos bras.

Presque Oui

L'instrument

Si l'on peut régler le volume, changer le timbre et donner du sustain à une guitare électrique, il n'en est pas de même pour la guitare classique et c'est ce qui en fait son handicap ou disons, sa particularité: manque de puissance donc, et fuite du son une fois que la note est jouée, comme tout instrument à percussion. Pour pallier ce "handicap", il faudra soigner l'attaque, en puissance* et en qualité*. Il faudra également soigner le legato et enfin être attentif à la "fin des sons" en étouffant les notes indésirables. Une note est, en effet, caractérisée, en autre, par son DEBUT et par sa FIN*. La négligence de cette réalité dénotera d'un manque de développement de l'oreille, de musicalité.

En revanche, on pourra jouer sur les "plus" de l'instrument: sa polyphonie, sa pluralité de timbres, ses particularités percussives

L'oreille: travailler dans la lenteur

J'ai toujours trouvé que la précision était plus dure à réaliser dans la lenteur que dans la pleine vitesse ceci étant peut-être dû au fait que l'oreille perçoit mieux les détails de chaque note attaquée lentement qu'en pleine vitesse. Le corps, lui-même est plus à l'aise dans la vitesse que dans une trop grande lenteur. Est-ce parce que l'on a peur du vide? Jouer lentement nécessite beaucoup de contrôle de soi. On décèle souvent et facilement la plus ou moins grande musicalité d'un musicien non pas dans sa réalisation de pièces rapides mais au contraire, quand il sait jouer avec expression des pièces lentes. En fait, un musicien médiocre peut éventuellement cacher parfois son manque de musicalité grâce à la virtuosité de son jeu mais jamais dans la lenteur.

D'autre part, travailler dans la lenteur permet de mieux éprouver les sensations corporelles qui nous renseignent aussi sur les anomalies éventuelles de notre jeu.

La voix: la respiration

Pour nous, guitaristes, il manque souvent la pratique de la respiration. Pour développer notre musicalité, on n'hésitera pas à avoir recours au chant, le chant, reflet de l'âme. Chanter pour "respirer" et faire respirer nos partitions, chanter pour intégrer davantage la mélodie, le contre-chant, la basse, chanter pour faire corps avec la partition. Toute musique naît d'un chant intérieur. Le chant permettra justement de développer notre oreille intérieure.

Les doigts: qualité et puissance

Plusieurs écoles rivalisent. Comme en politique, il y a "l'attaque à droite" et "l'attaque à gauche", que signifie cela?

  1. Qualité: Attaquer à gauche ou à droite, c'est effleurer la corde avec la partie gauche ou droite de chaque doigt. Une attaque qui, quel que soit l'angle, caresse simultanément la corde par la pulpe et l'ongle. Il en "sort", si l'ongle est bien limé, un son "chaud" de la pulpe et "précis" de l'ongle. Une attaque avec la pulpe seule (ongle coupé) donne un son chaud sans la précision d'attaque de l'ongle alors qu'une attaque avec l'ongle seul donne un son aigrelet, sans profondeur. Quant à la qualité du son "à droite" ou "à gauche", y-a-t-il de réelles différences? Par contre, la manière dont sera limé l'ongle est très importante et il faut un "certain temps" (comme le fût du canon…) pour trouver "le" son. Les ongles seront limés avec un papier (pour limer le métal) moyennement fin (600), très fin et extra-fin (1200). Il ne faut absolument pas envisager le limage des ongles avec la lime de votre grand-mère!!! grossière lime! et grossiers résultats!
  2. Puissance: de "l'attaque à gauche ou à droite" découle une position du poignet avec un angle plus ou moins accentué, angle plus accentué pour les "de-droite". Il semble qu'un son puissant soit plus facilement réalisable pour les guitaristes "attaquant à droite", puisque le poignet et les doigts sont plus perpendiculaires aux cordes. C'est un peu comme les rayons du soleil qui chauffent plus fort quand ils sont perpendiculaires à la terre et moins quand ils sont en biais. La puissance sera également liée à la bonne position du poignet droit, un bon "pont" fera l'affaire. En fait, pour réaliser ce que sera un bon "pont", il suffira de faire tomber l'avant bras reposant sur l'éclisse puis de le remonter lentement en gardant la main pendante et d'observer la distance naturelle du poignet par rapport à la table d'harmonie. Pour garder cette distance naturelle il faudra, comme mentionné plus haut, ne pas "retenir" la guitare avec l'avant bras.

Le timbre

On testera les différents timbres de la guitare, pour simplifier: plus chaud et moins puissant vers la rosace, plus métallique et plus puissant vers le chevalet, chaque guitare classique ayant également ses caractéristiques et une plus ou moins grande puissance. Entre ces deux pôles, résident de nombreuses nuances de timbres à découvrir par soi-même.

Guitariste dans les loges

La polyphonie: une affaire d'oreille

J'ai déjà parlé plus haut de penser (d'entendre surtout) à étouffer les notes qui ne doivent plus résonner (ne pas oublier, donc, les cordes « à vide », qui constituent un véritable piège), de la même façon, il faudra être exigeant sur la durée des notes, faire durer les notes qui doivent résonner afin de mettre en valeur la polyphonie de l'instrument, et surtout, arriver à jouer bien lié. Tout cela est donc une affaire d'oreille d'abord, puis de technique ensuite. La plupart du temps, on étouffera les notes plutôt avec la main droite, sauf exception.

On pourrait dire pour le pianiste (en caricaturant) que la main droite joue la mélodie et la main gauche l'accompagnement, que le flûtiste et le violoniste ne jouent que la mélodie. Il en est tout autrement pour le guitariste puisque celui-ci joue d'une même main l'accompagnement ET la mélodie. En fait, c'est la main droite qui est la seule musicienne. Là aussi donc, l'oreille doit jouer son rôle afin de toujours alléger l'accompagnement pour mettre en lumière la mélodie. Cette dernière sera autant que faire se peut réalisée en "buté" et en alternance index – majeur comme si on faisait "marcher ses doigts" sur les cordes.

Et le rythme dans tout ça?

Sans rythme, pas de musique puisque les sons eux-mêmes sont vibrations…Une pratique corporelle du rythme ne sera pas superflue.

Liberté et expression

Pour un guitariste de jazz, la partition n'est qu'un point de départ à la réalisation d'un morceau. La liberté réside dans l'improvisation qu'on réalisera de cette partition. Qu'en est-il de la liberté pour le guitariste classique?

Pour le guitariste classique, il convient de respecter "à la note" dans son intégralité, ce qui est noté sur la partition, tant au niveau notes que rythmes. La liberté ne se situe donc pas là. La liberté réside ailleurs, dans les respirations, les suspensions, les intentions, etc…Le musicien doit "s'approprier" la pièce qu'il répète depuis des jours, faire naître en lui les mêmes impressions à chaque fois qu'il joue la pièce et avec toujours plus d'intensité. L'expression n'arrive évidemment que quand on est libéré des écueils techniques. à mon sens, on peut, quand on connaît bien un morceau, donner une image à celui-ci, un état d'âme, une ambiance. C'est cet état d'âme que le guitariste devra faire partager à l'auditoire ou à son oreille intérieure. On peut, quand on connaît et maîtrise bien un morceau et si on se laisse aller, arriver à certains moments de grâce, de plénitude intérieure, avoir le sentiment de "jouer juste", et là, on rentre alors en communion avec la pièce jouée, avec le compositeur, et si on la joue en public, avec l'auditoire. Ces moments sont éphémères mais si gratifiants! à rechercher absolument.

Quelques valeurs sûres

Méthodes : Emilio Pujol, Abel Carlevaro, Nicolas Alfonso.

Compositeur : Fernando Sors, John Dowland, Heitor Villa Lobos, Antonio Lauro, Augustino Barrios Mangoré, Léo Brower.

Guitaristes : Le maître qui a créé un répertoire et aidé à faire découvrir la guitare de concert : Andrès Segovia.
Roland Dyens (interprète et compositeur), Roberto Aussel, John Williams (mais pas le compositeur de musiques de film), Teuchert, et plein d'autres…


Article repris en août 2015 - (Auteur : Catherine Thouvenin / Mai 2003)

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